Une ombre qui rôde…

*Depuis 3 jours, une ombre se ballade aux abords du
campement de La Meute…*

L’ombre – Humm… Ils ont l’air plutôt sympa ces gars… Mais…
Je sais pas…

*Aux aguets, tapis au fond de ce qu’il reste d’une caisse,
deux yeux gris observent le bivouac*

L’ombre – Je leur crie un truc ? Non… Y pourraient m'en vouloir de les réveiller…

*Au bout de quatre heures d’attente, la silhouette se glisse
hors de sa cachette et file ventre à terre vers un petit promontoire qui domine
le paysage*
L’ombre – Râââh ! Ch’sais pas quoi faire, j’ai plus
envie d’être tout seul ! …Mais encore moins envie de m’retrouver avec une poêle
à frire dans les côtes… Seiku m’a dit qu’ils étaient sympas… Mais ils z’ont l’air
bien armés…

*Après une longue nuit de surveillance, au petit matin, l’ombre
part en direction du Sud, droit vers un garage abandonné non loin de là*

L’ombre – Allez, demain soir j’y vais ! J’leur parle !
Promis ! Mais là *Bâille* …Ch’suis trop crevé…

*Terrassé par le sommeil, le rôdeur s’endort, non sans
penser que ce serait peut-être la dernière fois où il dormirait seul, dans le
froid…*

* Le lendemain soir…

L’ombre est revenu scruter la planque des mioches, des rêves
pleins la tête, retenu par une timidité de son âge et une peur de l’inconnu
dans cet environnement hostile…

Néanmoins, une extrême curiosité vis-à-vis de ces gamins,
comme lui, qui vivent entre eux et se serrent les coudes, fit monter dans tout
son être de mioche-poète une envie extraordinaire de les rejoindre. Il se vit
dans une autre vie, les connaissant depuis toujours et faisant partie de cette
grande famille…

Mais pour l’heure il était seul, dans l’ombre et frissonnait
sous la brise du soir en observant leur campement…*

L’ombre – Pf’tain j’me les caaaille ! J’ai envie d’faire un feu… Mais j’ai rien à cramer… Ni de trucs pour fout’ le feu… Rââââh ça craint ! ... Pf’tain allez ! Faut qu’j’me présente… Mais si jamais y veulent pas d’moi… Y’ vont
m’bouffer p’tet…

* Tout à son interrogation sur le cannibalisme des mioches
(ouais le froid rend grave parano, et j’vous parle pas de la nuit noire et de l’angoisse
d’être repéré. Ah tiens si, j’en parle), l’ombre se déplaçait en cercle autour
du camp, furtivement, puis de moins en moins…

Comme pour attirer l’attention… *

L’ombre – Comment ch’peux faire ?! J’ai quoi dans mes
poches ?... Non… Non pas ça… Ni ça… AH ! c’est quoi ça ?! dégage
toi ! Ah saleté de souris pourrie ! Tiens ? Mon journal…

Pas con…

Mais si y m’le déchire ? J’y tiens à mon bouquin moua…
Bon allez j’écris un p’tit truc… Gnagnagna… Salutations distinguées… Signé… Mu…ta… Voilà!

Allez j’le laisse devant chez eux !

Plof

* L’ombre déposa son précieux carnet et s’en fut au tripe
galop dans la nuit rejoindre son garage.

Ce livre était vieux, mais très beau, orné d’un « M »
rouge sur le devant, et les pages étaient clairsemés de magnifiques dessin en
filigrane.

Après quelques pages de « pouèmes », une sorte d’écriture
bizarre toute tarabiscotée mais rigolote, vous découvrez un passage s’adressant
à vous, avec un petit bout de papier glissé entre les pages où l’on pouvait
lire:

« A l’attention des mioches »*

Devant la porte, un beau karné traînait par terre. Il traînait tellement bien que Dricka avait manqué d'y marcher dessus, le cerveau toujours embrumé par la nuit et le vieux mal au casque des suites de l'essai de la boisson appelée l'Assommoir. Oui ce coup-ci, elle avait bien compris d'où son nom venait !
Reniflant et se grattant la tête avec une classe très relative, elle feuilleta le karné. Plein de pages étaient couvertes de phrases bien dites et qui sonnaient bien à l'oreille. Quelque chose qui lui plut énormément d'ailleurs. Elle arriva à la dernière page qui semblait leur être destinée et la lut.

-Oh, un p'tit nouveau ? Et un fouineur en plus, cool !

Elle fouilla dans une de ses poches à la recherche de son vieux stylo vert et griffonna une petite réponse avant de poser le karné sur un bidon pour ne pas le laisser traîner dans la poussière.

Salut coupain !

Fallait venir nous voir plus tôt tu sais ? T'as raté la super fête d'hier soir du coup, dommage...
Mais bon, des fêtes, on en fera plein d'autres, alors viens demain, on fera connaissance !

D. la Reine des [censuré]

* En revenant sur les lieux du campement, Muta était
anxieux. Il se posait milles et une questions sur cette meute et sur l’accueil
qu’ils lui feraient *

Muta – Bon alors… C’était par où déjà ?... A gauche
après le gros-rocher-en-forme-de-zigouigoui, à droite juste avant l’mec empalé
par les fesses…

Ah ! C’est là !... Alors… Bah ?... MON CARNET ??!! Où qu’il est ?
J’l’ai posé là, par terre hier ! Youhou carnet ?! Oh nooooon !!!

* En pleine phase de stress intense suite à la perte de son
livre chéri, Muta partait en nouille…*

Muta – Woh pf’tain ! Il est là ! Sur ce vieux
bidon… Pfiouuu, j’ai eu TROP la frousse !

* Attendant que son cœur arrête de battre plus vite qu’un
ivrogne qui boit un verre, Muta prit son carnet et le serra contre lui en se
laissant glisser a terre, dos au tonneau…*

Muta – Pf’tain, là c’est sur, faut qu’ch’trouve un nouveau
slip… Bon voyons voir si les autres m’ont répondu…

* Reprenant son souffle, et le retenant en même temps, Muta
ouvrit son carnet, et son cœur s’emballa une nouvelle fois lorsqu’il vu une
écriture… Une écriture de fille…*

Muta – * Lit a toute berzingue* Woaaah !! Y m’ont dit
OK ! Wolala ! Bon ce soir j’dors ici, à la belle étoile, m’en fout !
De toute façon maintenant… ch’uis plus tout seul…



Plus tout seul…



* Ronfle, ronfle *

* Le lendemain...*

Muta - *Bâââille* Niumunh? ...Kesseucé ? Euh... J'suis où là ? Ahh... J'ai mal partout dis-donc, faut pas dodo contre un tonneau apparement...

* La tête dans le popotin, Muta se réveille doucement, rampe vers sa vieille gourde et jette un rapide coup d'oeil à son bouquin, comme d'hab', pour vérifier s'il est toujours là...*

Muta - Mon carnet l'est là... Gourde... Soif...

*Glou glou glou*

Muta - Aaaaaah ! ça fi plaisir ! Euh... Qu'est ce que ch'fous là ? Ah ouais... La meute...

La Meute ??!! Mécévrai ! Y m'ont dit qu'on pouvait se rencontrer ! Euh... J'entre de suite ?

* Assis en tailleur devant son bidon, du sommeil plein les yeux, Muta réchéflit, et c'est dur de bon matin. *

Muta - J'mal à la tête... Bon... Allez !

* Se levant tout doucement et remettant sa veste et son bandeau, Il entend alors des éclats de voix à l'intérieur de la planque *

Voix d'gamin - P'tain y'a plus d'eau d'pluie ?! Y'en a MARRE !

Schlang dzoïng dzing !

* Une tasse vide vole par un carreau cassé en terminant le travail, et vient finir sa course contre un arbre, en frôlant le crâne de Muta *

Muta - ...

* Pris d'un excès de zèle, et ne trouvant rien d'autres pour annoncer sa venue, Il choppa la tasse et l'expédia en criant *

Muta - Retour à l'envoyeur !!!

Dzoïng dzing Schlang !


*Un grand sourire éclairait son visage plein de poussière*

Dricka tendit un œil prudent à la fenêtre pour voir d'où venait le projectile, et surtout de qui. Son couteau émoussé à la main elle tendit le nez pour apercevoir l'extérieur en prenant soin de présenter un minimum de sa personne. Qui était assez con pour attaquer une planque en se signalant d'abord ? Pour l'effet de surprise, il faudrait repasser !
En se tordant le cou, elle finit par apercevoir un gamin crasseux de cambouis et de poussière et qui semblait plutôt content de lui. Sa présentation fracassante attisa sa curiosité naturelle de fille. Elle renifla en fronçant le nez pour se donner un air de dure et sortit la tête par la fenêtre éventrée.

-Ben, t'es pas bien ou quoi ? T'aurais pu ensuquer quelqu'un avec ton truc !

Ses yeux le détaillèrent un instant et, voyant le joli karné dans sa main, son visage se décrispa et elle lui lança un sourire malicieux.

-Ah, mais c'est toi qui es venu hier, c'est ça ? Pas la peine de nous jeter des trucs, on va pas te bouffer, hein ? Allez entre !

Muta - Héhé merci ! Désolé pour la tasse, c't'un vieux réflexe d'un jeu auquel je jouais avec l'autre... J'voulais voir si vous connaissiez hihi, apparement non !

* Muta est empli de joie à la suite de l'invitation de la jeune fille, "enfin !" pensa t'il *

Muta - J'arrive ! Ah et au fait, si vous avez b'soin d'eau, ch'uis blindé !

* Il entra en courant par la petite porte discrète, assez haute pour un mioche ou un adulte verticalement concentré *